Depuis quelques temps, le Conseil d’Administration (CA) de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) est en proie aux vérités alternatives soigneusement arrangées et au calcul politique bien loin des réelles problématiques des usagers et des personnels. Ainsi, dans une motion votée au CA du vendredi 20 octobre, la direction de l’université pointe du doigt les pouvoirs publics qui, selon eux, n’auraient pas donné de dotation supplémentaire pour faire face à la hausse massive des effectifs. Les élu(e)s de la Fédération des Associations de Créteil (FAC) se désolidarisent de cette annonce parfaitement fausse qui nous décrédibilise car l’UPEC a perçu une dotation exceptionnelle de 1,8M€ au titre de la prise en compte de l’augmentation du nombre d’étudiants bien que seulement 493K€ (soit uniquement 26%) ont servi à faire face à cette conjoncture. C’est particulièrement faible d’autant plus quand on sait qu’une partie (1M€) a été utilisée pour financer la campagne d’emploi 2016-2017 et une autre reversée en prime conjoncturelle exceptionnelle de 200€ nets à l’ensemble des personnels administratifs au début de l’année 2017 qui ne change en rien les conditions de travail des personnels sauf à « acheter » un calme qui, à ce jour, n’est pas. C’est absolument choquant quand on sait que l’université est un des plus beaux exemples de service public et que les membres de la direction répètent que « sans les usagers l’université n’existerait pas ». Dorénavant, cela sonne terriblement faux et les élus de la Fédération des Associations de Créteil (FAC) prennent toute la distance nécessaire à une attitude qui jette le discrédit sur l’image même de notre établissement. Le summum est atteint quand le Vice-Président de la CFVU affirme que le rectorat aurait encouragé l’université à surcharger ses capacités. Une telle accusation est parfaitement scandaleuse quand on connait un tant soit peu le fonctionnement et l’organisation de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR). Le rectorat n’a ni la capacité d’obliger à de telles pratiques, ni même la volonté d’affaiblir la qualité du service public que nous dispensons. L’équipe de direction de l’université, à défaut d’arguments sérieux pour justifier ses graves manques en termes de gestion de l’afflux d’étudiants, pourtant prévu depuis des années, choisit d’accuser sans aucunes preuves les autres universités et le rectorat de ne pas faire leur travail…
Lors du « Séminaire modèle économique de l’UPEC » de juin 2017, pour lequel les représentants étudiants n’étaient pas invités pour des raisons encore obscures, il a pu être mis en avant l’évolution des dépenses par activité sur les cinq dernières années et les résultats sont saisissants : -9% dans le montant alloué au fonctionnement des formations, -23% dans le montant alloué à la documentation et la plus forte baisse se situe dans les investissements pour le domaine de la Vie Etudiante avec -53%. Pour rappel, la dépense globale pour la vie étudiante n’est que d’1%…Ces trois champs sont particulièrement suivis par les organisations étudiantes car ils ont un impact direct sur les conditions d’études des usagers mais l’on peut aisément constater que la priorité de l’université n’est clairement pas orientée envers cette communauté déjà particulièrement fragilisée mais au contraire, il y a un incontestable désengagement. Quand nous interpelons la direction à ce sujet, cette dernière précise que les dépenses globales de l’université augmentent mais « botte en touche » car cette hausse est due principalement à un investissement patrimonial lourd et accessoirement au poids de la masse salariale. Si ces deux éléments sont positifs en un sens, il ne peut être justifiable de demander des efforts aussi importants aux étudiants surtout quand au Conseil d’Administration de l’UPEC d’octobre dernier, il est demandé un effort supplémentaire par des coupes particulièrement drastiques sur la dotation/contributions des composantes (-350 000€) et sur les services centraux (-350 000€). La direction de l’université met ainsi une séparation nette entre les personnels (son électorat) et les usagers. Mais il est également important de préciser que malheureusement certains administrateurs soutiennent cette politique sans fondements en ajoutant même qu’une « coupe dans le budget est au fond une bonne chose car elle fera descendre les étudiants dans la rue ». Les représentants étudiants ne peuvent être qu’indignés par de tels propos car ceux-ci vont à l’encontre même des principes démocratiques les plus fondamentaux : le droit de manifester se suffit à lui-même et les manipulations de ce genre n’ont pas leurs places quand on respecte les positions de tout à chacun telle que notre constitution le permet. D’autres vont encore plus loin, en exigeant, en pleine séance du conseil d’administration, que certains « paient les dysfonctionnement » comme ce que propose certains représentants du personnel à l’encontre des dirigeants de l’Association Sportive de l’UPEC (AS UPEC – UFR STAPS) qui ont dû faire face à des dépenses imprévues du fait de l’exceptionnelle réussite d’étudiant(e)s sportifs dont certain(e)s sont allés jusqu’aux Jeux Olympiques. Egalement, une diminution de 50 000€ dans la dotation « transformation pédagogique » et de 190 000€ dans les appels à projets incitatifs pour la recherche sont à noter. Et ce, pour toutes les composantes alors que les besoins en pédagogique se font de plus en plus pressants. Les notes explicatives des documents budgétaires de 2016 et 2017 démontrent incontestablement que notre université n’est pas en crise budgétaire mais bien en crise de stratégie qui ne fait qu’augmenter la précarité des étudiants. Pour finir, aucune réflexion sur la recherche de nouvelles sources de financement n’a été à ce jour amorcée et ceci constitue un grave manque de lucidité qui met en danger l’avenir même de notre établissement. Être élu aujourd’hui implique également de préparer demain ; c’est cela la responsabilité sociale et sociétale que nous avons !
Pour avoir dénoncé des pratiques d’un autre temps et les mensonges qui sont à l’opposé des valeurs du service public que nous devons aux usagers, les associations étudiantes font face à un déchainement d’une violence inouïe et s’indignent de la complaisance de certains membres de l’équipe de direction. Mais qu’on se le dise, nous resterons face à l’adversité et continuerons à dénoncer des attitudes qui n’ont pas leur place au sein de notre établissement.